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Il concerne pour l'essentiel les possessions de la duchesse et du duc de Montmorency situés dans le département de la Manche. Comme tous les chartriers seigneuriaux, ce fonds n'est pas homogène, car il est formé des archives de plusieurs seigneuries rassemblées par successions ou acquisitions, par les familles d'Estouteville, d'Orléans-Longueville, de Goyon-Matignon et de Montmorency. Ce sont des archives inhérentes à la gestion des fiefs car les documents familiaux sont presque inexistants. Nous l'avons reclassé dans le cadre des seigneuries concernées et dans l'ordre de leur origine familiale.

Art. 1 à 137 ; 253 - Bricquebec (1245-1824). Dans ce chartrier, le sous-fonds le plus important est celui de la baronnie de Bricquebec proprement dite. Seigneurie considérable et ancienne, assise au nord-ouest de la presqu'île du Cotentin, avec château fortifié, donjon, chapelles, prétoire et prison, maison de plaisance du XVIe siècle (les ''Galleries''), bourg et village ; situé au cSur d'un espace forestier progressivement fieffé (défriché) jusqu'au XIXe siècle, cette baronnie couvrait une quinzaine de paroisses sises dans les cantons actuels de Barneville-Carteret, Beaumont-Hague, Bricquebec et Les Pieux ; elle était accrue en outre de quelques seigneuries sises dans les environs et qui lui furent anciennement rattachées, comme la Carue, Hastain, La Houlette ou Pontoise (à Quettetot). En relevaient des fiefs sis à Blosville (cf. infra), Belval (canton de Cerisy-la-Salle) et Fontenay-le-Pesnel (Calvados, canton de Tilly-sur-Seulles). Les droitures étaient nombreuses, justices, dont un bailliage vicomtal et une juridiction des eaux et forêts, perception du treizième, etc. et nécessitaient un personnel nombreux .

Depuis la fin du XVIe siècle, les seigneurs de Bricquebec appartiennent à des familles ducales et princières. Ceux-ci sont de moins en moins présents sur le domaine. Aussi font-ils gérer leurs biens soit en affermant la gestion par des baux de neuf ans (art. 3, 6 et 9), soit en la confiant à des régisseurs dont l'abondante comptabilité est l'une des bases du fonds.

Sur le plan féodal, la baronnie était divisée en une quinzaine de prévôtés qui ont laissé de volumineuses mais inégales archives.

En dehors d'une charte originale de Jean, duc de Normandie, fils du roi de France (futur Jean II le Bon), pour la forêt de Bricquebec, en 1332 (art. 1), les originaux antérieurs à 1450 sont rares. Cela légitime le souvenir d'un incendie du chartrier pendant l'occupation anglaise.

Art. 138 à 151 - Blosville (1458-1791). Seigneurie, dite tardivement (XVIIe-XVIIIe siècles) baronnie, s'étendant aussi sur Boutteville, Brucheville, Carquebut, Ecoquenéauville et Saint-Hilaire-Petitville, formant pour les officiers de Bricquebec la haute justice du Plain de Cotentin. Ce fief a, semble-t-il, toujours appartenu au baron de Bricquebec. Les hommes de Blosville étaient astreints à faire le guet au château de Bricquebec, mais ils avaient racheté cette obligation contre le paiement d'une rente. Ce sous-fonds est très riche en aveux rendus par les tenanciers, aînés et puînés, à leur seigneur depuis la fin du XVe siècle.

Art. 152 à 183 - Orglandes (1283-1789). Baronnie acquise en 1542 par François d'Estouteville, comte de Saint-Pol, à Julien d'Ouessey. Ce sous-fonds conserve plusieurs pièces concernant la forêt de Néhou depuis son partage en 1283, le patronage de la chapelle Saint-Pair à Morville, des copies de donations de fiefs sur la côte est du Cotentin pendant l'occupation anglaise. Il s'y trouve également cinq cahiers de transcrits d'un tabellionage anonyme (très vraisemblablement celui de Saint-Sauveur-le-Vicomte pour le siège d'Orglandes, qui est presque inconnu par ailleurs) pour les années 1450-1457, 1472-1473 et 1612-1613.

Art. 184 à 204 - Montmartin-en-Graignes (1298-1753). Ensemble de droitures, terres, manoirs et petits fiefs à Montmartin-en-Graignes, Catz et Saint-Pellerin, acquis par François de Matignon, comte de Torigni à partir de 1655, et érigé en comté à la fin du siècle. Le chef-lieu de cette nouvelle seigneurie était le château de Briseval, acquis en 1660 sur Nicolas de Soulebieu, élu en l'élection de Carentan. Au XVIIIe siècle, les régisseurs y étaient logés alors que tous les autres manoirs étaient occupés par des fermiers (art. 232). Un inventaire des archives et un historique précis ont été dressés par les régisseurs Warmé et Gaumain.

Art. 205 - Gacé (Orne, arrondissement d'Argentan, chef-lieu de canton) (1766-1787). Ancienne baronnie érigée en comté en juillet 1651 (alias 1685), entrée dans la famille de Matignon par succession des Orléans-Longueville, Estouteville et Paynel. La présence de comptes de cette seigneurie sans aucunes pièces d'archives doit s'expliquer par un contrôle de gestion effectué par les régisseurs de Montmartin.

Art. 206 à 221 - La Haye-d'Ectot (1401-1791). Quart de fief de haubert relevant de la vicomté de Carentan, parvenu aux Matignon par héritage des La Luthumière (1648), puis passé par succession aux Colbert de Seignelay qui le vendent en 1720 à deux bourgeois de Paris, les frères Capet ; racheté en 1730 par Marie-Thomas-Auguste de Matignon. Valcanville, tout petit fief assis à Saint-Maurice-en-Cotentin et paroisses circonvoisines, qui suivit la dévolution du fief de La Haye-d'Ectot. Belle collection de registres de plaids et gages plèges ou de journaux de recettes. Celle de Valcanville débute en 1502 (art. 212). En 1784, une procédure fut ouverte pour faire remettre aux archives de Bricquebec les registres de plaids qui étaient détenus par deux laboureurs de Saint-Georges-de-la-Rivière (art. 221).

Art. 222 à 227 - Gyé (1320-1773). Baronnie issue d'un démembrement du domaine de la vicomté de Carentan au XIVe siècle. Acquise par Jean-Baptiste-Louis de Matignon le 28 décembre 1719 sur Antoine-François de Saint-Simon, seigneur de Beuzeville-au-Plain, et ayant appartenu antérieurement aux familles de Gourmont et de Rohan. Au XVIIIe siècle, la gestion de cette baronnie était confiée au régisseur de Montmartin qui dressa un historique fort précis et un inventaire des titres du fief (art. 222).

Art. 228 à 231 - La Rivière (1734-1790). Demi-baronnie issue du partage de la baronnie du Hommet au XIIIe siècle, avec logis fortifié de tours, courtines, pont-levis et douves assis dans les marais de la Vire à Saint-Fromond. Les quatre journaux et répertoires de recette du XVIIIe siècle sont des épaves d'un fonds beaucoup plus important provenant de la famille de Montmorency : Louise-Pauline-Françoise de Montmorency-Tingry, veuve d'Anne-François, duc de Montmorency-Beaufort, dame de la Rivière, convoquée à l'assemblée des trois ordres à Coutances en mars 1789, était l'aïeule maternelle d'Anne-Charles-François de Montmorency-Fosseux, seigneur de Courtalain, marié en 1784 à Caroline de Goyon de Matignon, fille unique, dernière du nom, héritière de Bricquebec, Blosville, Orglandes, La Haye-d'Ectot, Valcanville, Gyé, Montmartin et Gacé.

Art. 232 à 235 - Montmartin, Gyé, Maupertuis (fief acquis vers 1780) et Gacé (1765-1791). Journaux de recettes, répertoires, inventaires. Leur regroupement dans des registres communs s'explique par une gestion commune effectuée par les régisseurs de Montmartin-en-Graignes, Jean-Louis Warmé (de 1739 à 1774) puis Léonor-Bernardin Gaumain (à partir de 1775).

Art. 236 à 248 - Bricquebec, Orglandes, Blosville (1608-1792). Journaux de recettes, répertoires. Leur regroupement s'explique par une commune gestion du receveur général de Bricquebec, dont le dernier fut François Vattier (à partir de 1771).

Art. 249 à 252 - Documents ne concernant pas la baronnie de Briquebec. Établissements religieux du Cotentin (1559-1792). Éléments de comptabilité du couvent des religieux Augustins de Barfleur et de l'abbaye augustine de Notre-Dame du Voeu près Cherbourg. Leur présence dans ce fonds s'explique par une activité parallèle menée par François Vattier.

Cote
Date
Modalités d'entrée

Ce fonds a été déposé aux archives départementales de la Manche le 18 octobre 2005 par le marquis François de Gontaut-Biron (château de Courtalain, Eure-et-Loir), descendant d'Anne-Charles-François, duc de Montmorency (1768-1845), et de son épouse née Anne-Louise-Caroline de Goyon-Matignon, (1774-1846), qui furent les derniers barons de Bricquebec. Le chartrier de Bricquebec a été augmenté en 2017 d'un complément d'environ quarante pièces (art. 280 J 253) déposées par la commune de Bricquebec-en Cotentin.

Description physique
11,00 mètres linéaires
Histoire administrative / Notice biographique

Ce chartrier était conservé au château de Courtalain depuis la première moitié du XIXe siècle, il y avait été déposé à l'instigation de ses propriétaires, le duc et la duchesse de Montmorency, et provenait de leur résidence parisienne où il avait été entreposé après la vente du château de Bricquebec en 1814. Avant la révolution, ce chartrier était réparti entre plusieurs fonds conservés principalement à Bricquebec, au vieux château, où existait un local à cette destination, et à Montmartin-en-Graignes, au château de Briseval, où le chartrier se trouvait dans une petite pièce au-dessus de la chapelle. La gestion de ces archives paraît avoir été assez élaborée comme le montre, pour Bricquebec, la tenue d'un registre consignant les sorties et rentrées des titres, pièces et papiers hors du chartrier entre 1710 et 1787 (art 62 à 64), ou pour Montmartin, la confection de registres retraçant l'historique des fiefs d'après les titres du chartrier.

Historique de la conservation

Ce chartrier était conservé au château de Courtalain depuis la première moitié du XIXe siècle, il y avait été déposé à l'instigation de ses propriétaires, le duc et la duchesse de Montmorency, et provenait de leur résidence parisienne où il avait été entreposé après la vente du château de Bricquebec en 1814. Avant la révolution, ce chartrier était réparti entre plusieurs fonds conservés principalement à Bricquebec, au vieux château, où existait un local à cette destination, et à Montmartin-en-Graignes, au château de Briseval, où le chartrier se trouvait dans une petite pièce au-dessus de la chapelle. La gestion de ces archives paraît avoir été assez élaborée comme le montre, pour Bricquebec, la tenue d'un registre consignant les sorties et rentrées des titres, pièces et papiers hors du chartrier entre 1710 et 1787 (art 62 à 64), ou pour Montmartin, la confection de registres retraçant l'historique des fiefs d'après les titres du chartrier.

Mode de classement

Répertoire méthodique conforme à la norme ISAD-G.

Condition d'accès

Ce fonds est librement communicable.

Ce fonds est constitué dans son état actuel de 6 672 pièces sur papier ou parchemin, de cahiers et de registres, qui ont été répartis sur 253 cotes.

Editeur
Archives départementales de la Manche
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