Recherche dans les bureaux de recrutement militaire

Les registres matricules sont numérisés et mis en ligne sur internet jusqu'en 1921 inclus. Les tables sont mises en ligne jusqu'en 1940 inclus. Les registres matricules pour la période 1922-1940 sont accessibles uniquement sur l'intranet en salle de lecture. Les matricules des années 1941 à 1948 ne sont pas conservées aux archives de la Manche ; il convient de s'adresser au centre d'archives du personnel militaire à Pau.

Pour trouver une fiche matricule, il faut connaître la date de naissance (la classe de recrutement correspond à l'année des 20 ans) et le lieu de résidence des parents aux 20 ans du jeune homme (qui n'est pas toujours celui du lieu de naissance !). A défaut, il faut dépouiller les tables établies pour chaque classe. Si la personne recherchée ne figure pas dans le registre, il faut consulter les tables alphabétiques jusqu'à deux années avant ou après cette date, au cas où la personne aurait devancé l'appel ou aurait bénéficié d'un sursis.

Pour les soldats "Morts pour la France" en 1914-1918, il est possible de trouver l'indication du bureau de recrutement et de matricule sur le site internet « Mémoire des Hommes ».

Pour les livrets matricules de marins, la recherche s’effectue par classe (année des 20 ans) puis par ordre alphabétique. La recherche peut être étendue vers le site du Service Historique de la Marine à Cherbourg, « Cimarconet ».

Classe de recrutement et classe de mobilisation

Tous les hommes ayant atteint l'âge de 20 ans révolus (ou de 19 ans à partir de 1913) et inscrits sur les tableaux de recensement appartiennent à une même classe de recrutement. Un homme né en 1900 et recensé en 1920, avec l'ensemble des hommes nés en 1900, appartient à la classe de recrutement 1920. Cette classe permet de retrouver la fiche matricule, elle ne change jamais.

La classe de mobilisation est la classe avec laquelle marchent les hommes. Elle est différente de la classe de recrutement pour les hommes qui ont commencé leur service militaire une autre année que celle des autres hommes de leur classe de recrutement. Cela concerne essentiellement les ajournés (une ou deux années), les engagés volontaires, les exemptés rappelés en cours de guerre. Dans ces cas, la classe de mobilisation va être différente de la classe de recrutement.

La classe de mobilisation peut également changer. En effet, après la guerre de 1914-1918, en fonction du nombre d'enfants, de nombreux conscrits changèrent de classe de mobilisation (lois sur le recrutement du 1 er avril 1923 et du 31 mars 1928). Cela a pu aboutir à des rectifications sur la fiche matricule.

Description des bureaux

Bureau de Cherbourg (1R1) ; 1864-1938
  • Contingent de la garde nationale mobile de 1864 à 1870
  • Liste cantonale du contingent de 1867 à 1871
  • Registres matricules de 1872 à 1921 (internet) ; 1922-1938 (visualisable sur l'intranet de la salle de lecture exclusivement)

Dans la liste matricule de l’année 1912 (1R1/164), on retrouve les noms des appelés de 1912 (du n° 1 à 471) et de 1913 (du n° 472 à 530) ; cependant les fiches matriculaires des recrues de 1913 se trouvent dans le registre 1R1/179.

La liste matricule de l’année 1915 (1R1/179) est manquante.

Les registres « Saint-Lô-Cherbourg » : Tous les hommes rayés à l’encre rouge sur les répertoires de Cherbourg sont passés sous l’administration du recrutement de Saint-Lô. Ces hommes sont les appelés des cantons de Barneville et Saint Sauveur le Vicomte.

Bureau de Granville (1R2) ; 1867-1929

A partir de 1930, ce bureau est rattaché à celui de Saint-Lô

  • Contingent de la garde nationale mobile de 1867 à 1870
  • Liste cantonale du contingent de 1867 à 1871
  • Registres matricules de 1872 à 1921 (internet) ; 1922-1929 (visualisable sur l'intranet de la salle de lecture exclusivement)

À partir de 1882 les tables sont dans un registre à part dans lequel figurent :

Nom et Prénoms n° matricule n° de tirage dans le canton le canton (qui n’est pas toujours apparent)

Lorsqu’il n’y a pas de n° de matricule à la suite d’un nom, on peut utiliser le n° de tirage du canton (1).

Le plus souvent ce n° manque, à son ordre (la page est arrachée), mais il arrive qu’il figure à sa place. Dans ce cas la page est rayée par deux diagonales rouges, ce qui veut dire que l’homme, inscrit lors du 1er établissement du registre matricule, a ensuite été radié. Le motif de la radiation est donné.

(1)   Les hommes sont inscrits sur le registre matricule dans l’ordre ou les cantons ont été examinés par le conseil de révision ; en suivant pour chaque canton l’ordre des n° de tirage.

Ce système n’est valable que pour Granville et pour la période comprise entre 1882 et 1910, avec des variantes au cours des années. (Cherbourg et Saint-Lô ne mettent jamais les cantons et le n° de tirage).

Bureau de Saint-Lô (1R3) ; 1867-1940
  • Contingent de la garde nationale mobile de 1867 à 1870
  • Liste cantonale du contingent de 1867 à 1871
  • Registres matricules de 1872 à 1921 (internet) ; 1922-1940 (visualisable sur l'intranet de la salle de lecture exclusivement)
Bureau de Saint-Lô-Cherbourg (1R4) ; 1902-1923

Registres matricules de 1902 à 1921 (internet) ; 1922-1923 (visualisable sur l'intranet de la salle de lecture exclusivement)

Tous les noms figurant dans les registres de la sous-série 1 R 4 ont été saisis et sont disponibles sur le moteur de recherche.

Bureau du service national de Rennes (7R) ; 1853-1916, 1920, 1925, 1932, 1934

Livrets de marins (7R1-28)

  • 1853-1916 (internet) ; 1920, 1925, 1932, 1934 (Visualisable sur l'intranet de la salle de lecture exclusivement)

Délais de communicabilité

La mise à disposition des registres matricules sur internet n’est pas une obligation des services publics d’archives départementales mais une facilité accordée aux usagers

Les registres matricules contiennent des informations à caractère personnel, dont certaines judiciaires ou médicales.

Délai de communicabilité Dispositions particulières
Répertoire : immédiat

Registres matricules : 120 ans à compter de la date de naissance, 100 ans à compter de la classe

Loi d'archives n° 2008-696 du 15 juillet 2008
Dérogation pour les descendants sur présentation d’une preuve de parenté

Conformément à la délibération n° 2013-281 du 10/10/2013, la CNIL autorise la diffusion sur internet de tous les registres jusqu’à la classe de 1921

Glossaire

  • Registre Matricule : Le registre matricule du recrutement militaire recense l’ensemble des individus de sexe masculin, appelés sous les drapeaux l’année de leurs vingt ans. Chacun des feuillets qui le constitue est ouvert au moment du recensement puis tenu à jour jusqu’à la date de la libération des obligations militaires. Les informations qui y figurent ne concernent par conséquent qu’une période et qu’un aspect de la vie du conscrit et n’ont pas été actualisées après la clôture du registre (par exemple pour les condamnations amnistiées). À côté du numéro matricule de l’intéressé figurent son état civil, son signalement (description physique) ainsi que des renseignements sur son degré d'instruction, ses domiciles successifs, ses antécédents judiciaires, ses affectations, le résumé de ses services, le détail de ses campagnes et, le cas échéant, la liste de ses blessures et citations. Il convient de noter que ne sont enregistrés que le jeunes gens effectivement recrutés, ceux déclarés aptes au service par le conseil de révision ; les sous-officiers et officiers, dont la carrière militaire est gérée de façon distincte, n’y figurent pas non plus.
  • Répertoire alphabétique : Table alphabétique des registres matricules. Elle comprend tous les jeunes gens qui ont été déclarés aptes et appelés. Le répertoire alphabétique ne contient que des noms et prénoms et renvoie aux volumes de la classe correspondante.
  • Listes matricules : Liste des engagés volontaires non encore inscrits au registre matricule. On retrouve également ces engagés dans les registres matricules correspondant à leur classe.
  • Garde Nationale Mobile : Garde, bourgeoise à l’origine, créée en 1789, étendue en 1806 à tous les Français, réduite par Louis XVIII aux plus imposés, élargie sous Louis-Philippe à tous les citoyens et mise sous les ordres de Lafayette. De fixe elle devient mobile en 1848, ses officiers furent longtemps élus, sauf de 1815 à 1830 et sous Napoléon III. Les gardes nationaux servirent de pompiers de 1831 à 1871.
  • Livrets matricules de marins : Avec la création d'une marine de guerre permanente, sous Louis XIII, se pose le problème du recrutement de matelots suffisants en nombre et qualité. Les services de marins étrangers sont alors loués et on recourt à la "presse", opération qui consiste à boucler un quartier pour enrôler de force les individus qui s'y trouvent. Colbert met fin à ce procédé en mettant en place le système des classes, rebaptisé inscription maritime en 1795. Les gens de mer âgés de 18 à 50 ans doivent obligatoirement être inscrits sur des registres dits matricules au bureau de l'inscription maritime du littoral pour obtenir des bulletins leur permettant de naviguer au commerce. Ces matelots ou officiers-mariniers répartis en trois à cinq classes sont appelés successivement à l'âge de vingt ans à servir sur la flotte royale ou de l'État en fonction des besoins de celle-ci. En échange, ils bénéficient de privilèges tels que les exemptions fiscales, l'assistance médicale gratuite pour eux et leurs familles, les pensions pour les marins invalides et pour les veuves. La loi du 9 juillet 1965 unifie les obligations militaires des français et met fin au régime d'exception des inscrits maritimes. Le terme d'inscription maritime est abandonné en 1967 au profit d'affaires maritimes.

Chaque marin au service reçoit un livret personnel sur lequel sont inscrits divers renseignements concernant :

  • L'état-civil et le signalement du marin : nom, prénom, date et lieu de naissance, filiation, nom du conjoint, nombre d'enfants, âge, taille, description physique avec signes particuliers, domicile, éventuellement date et cause du décès ;
  • La carrière : inscription (lieu, date, numéro), grades au service, fonctions à bord, dates d'embarquement et de débarquement, bâtiments, nature et destination des navigations, durée des sevices, blessures et infirmités, punitions, actions d'état et récompenses honorifiques.

Le littoral est divisé en arrondissement maritimes, eux-mêmes subdivisés en quartiers puis en syndicats regroupant un certain nombre de paroisses ou communes. La France est divisée en cinq arrondissements maritimes : 1er Cherbourg, 2e Brest, 3e Lorient, 4e Rochefort, 5e Toulon.

Lire un feuillet matricule

Chaque état signalétique est ouvert au moment du recrutement, puis, tenu à jour jusqu'à la date de la libération des obligations militaires. Les informations qui y figurent ne concernent qu'une période et qu'un aspect de la vie de l'individu. Ces données n'ont pas été actualisées après la clôture du registre.

BDG : blessure de guerre.

CD : campagne double. Entre autres implications, cette différenciation dans la campagne a une répercussion sur le calcul des annuités, le droit aux décorations, etc. Une période passée au front vaut CD.

CS : campagne simple.

CR : commission de réforme. Commission médicale chargée de déterminer d'une part l'imputabilité au service ou à la guerre des blessures, d'autre part, le pourcentage d'invalidité. Elle fixe ainsi une pension temporaire ou permanente.

DTOM : dégagé de toute obligation militaire. Signifie que l'intéressé a rempli les obligations liées au service militaire. Cela a des conséquences directes sur la gestion de ses droits et de sa pension, car l'administration des militaires et des anciens militaires ne se fait ni de la même manière ni dans les mêmes organismes.

EO : éclat d'obus.

ETEM : escadron du train et des équipages.

IM du 3/11/1959 : instruction ministérielle du 3 novembre 1959.

PLH pour 1960 : proposition pour la promotion Légion d'honneur de 1960.

PP : pension permanente.

PT : pension temporaire.

RI : régiment d'infanterie.

RIT : régiment d'infanterie territoriale.

SIM : section d'infirmiers militaires.

SSEM : section de secrétaires d'état major.

UC : unité combattante % : signifie "par ordre" ou "à l'ordre de" dans le cas des citations.

Degré d'instruction générale :

Il est inscrit dans les registres matricules sous forme de code, composé d'un chiffre entre 0 et 5

  • 0 : ne sait ni lire ni écrire.
  • 1 : sait lire seulement.
  • 2 : sait lire et écrire.
  • 3 : possède une instruction primaire plus développée.
  • 4 : a obtenu le brevet de l'enseignement primaire.
  • 5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de diplôme).
  • X : dont on n'a pas pu vérifier l'instruction.

Les grandes dates

  • 29 novembre 1688 – Création par Louvois des milices, dont les membres étaient désignés par tirage au sort
  • 2 juillet 1716 – Instauration des registres de contrôle de troupes tenus par compagnie spécifiant pour chaque homme : nom et prénoms, surnom (obligatoire pour tout soldat sous l’Ancien Régime), lieu de naissance, âge, date d’engagement, signalement détaillé, dates du congé, de la désertion ou de la mort.
  • Depuis 1730 – Conservation des dossiers individuels des officiers généraux (maréchaux de France, lieutenants-généraux et maréchaux de camp) et des brigadiers rangés par ordre alphabétique.
  • 1763 – Les registres de chaque régiment indiquent pour les officiers leur lieu et date de naissance ainsi que leurs états de service très détaillés.
  • 4 août 1771 – Une ordonnance royale crée les régiments provinciaux. Ils prennent la suite des milices provinciales. Les régiments de grenadiers royaux sont supprimés.
  • Depuis 1779 – Conservation des dossiers de pension militaire (sauf de 1791-1800, détruits à la Révolution).
  • Après 1786 – Une table alphabétique est placée à la fin de chaque volume des registres de contrôle de troupes qui couvre une période de deux ou trois ans.
  • 1791 – Création de dossiers individuels pour tous les officiers de l’armée.
  • 19 fructidor An VI – La loi Jourdan constitue l’acte fondateur du service militaire obligatoire et universel : « La conscription militaire comprend tous les Français depuis l’âge de vingt ans jusqu’à celui de vingt-cinq ans révolus. » Les conscrits doivent être inscrits sur des tableaux de recrutement communaux et cantonaux.
  • 1802 – Le principe du remplacement est instauré, permettant à ceux qui en ont les moyens d’acheter un remplaçant.
  • 29 décembre 1804 – Un décret impérial instaure le tirage au sort. Ceux qui ont tiré les numéros les plus faibles font partie de l’armée active.
  • 10 mars 1818 – La loi dite Gouvion-Saint-Cyr réorganise le recrutement militaire, basé sur l’engagement volontaire. Ce texte prévoit une procédure d’appel « compensant en cas de besoin des armées l’insuffisance des engagements volontaires. Aux quatre grandes étapes de l’appel (recensement, tirage au sort, passage devant le conseil de révision, formation du contingent) correspondent différents types de listes ou est inscrit le jeune homme.
  • 21 mars 1832 – Loi dite Soult. Le recrutement n’est désormais plus basé principalement sur les engagements volontaires mais sur l’appel d’une classe d’âge. Les modalités restent inchangées : tirage au sort et possibilité de remplacement
  • Mai 1838 – Création du certificat de bonne conduite qui marque la fin du service actif. Il indique : nom, prénoms, grade, dernier régiment, date et lieu de naissance, date et lieu de délivrance, signalement du titulaire.
  • 10 mai 1844 – Création du livret militaire pour les hommes de troupe.
  • 1867 – Création des registres matricules, qui succèdent aux registres de contrôles de troupes sauf pour les régiments en opération aux colonies. Tenus par les bureaux de recrutement militaire, ils ont été versés aux archives départementales. Ils indiquent les nom et prénoms(s), date et lieu de naissance, domicile, adresses successives à partir de 1872, situation de famille (avec nom et prénom du conjoint et nombre d’enfants), filiation, lieu de résidence des parents ou ascendants, profession et celle du père. Bon ou non pour le service, « motifs d’exemption, états de services, profil, niveau d’instruction ; observations (soutien de famille, naturalisé …), date de la naturalisation si naturalisé. Parfois entre 1875 et 1879, la religion est indiquée. Signature à partir de 1905.
  • 1872 – Les journaux des Marches et Opérations (JMO) des unités de l’armée de terre sont rendus obligatoire. Ils relatent, au jour le jour, des événements, ordres et comptes rendus d’exécution, unité par unité. Tous les déplacements et tous les combats livrés par les unités sont mentionnés.
  • 27 juillet 1872 – Le service militaire est obligatoire pour tous, le remplacement est aboli.
  • 7 août 1875 – Instauration du livret militaire pour les officiers.

Sources complémentaires

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